Aubrac Cantal

St Gall

Jeudi 20 août 2020
Sur le coup de presque midi, départ comme d’hab, aux aurores. A partir de la 113, cap nord ouest, la route file sous nos pneus. Des foultitudes de voitures  nordistes nous dépassent… Pas de doute, c’est la fin de la période estivale pour les aoûtiens, mais nous, enfin on s’échappe.
Notre première étape sera pour les grottes de Trabuc. Et là, les touristes qui s’attardent sont nombreux, un paquet de gamins qui risquent de rater la rentrée. Encore des attardés qui vont  bouchonner les accès aux voies rapides.  Que donc nous éviterons.
Trabuc est un circuit aménagé à travers les boyaux de la grotte. Des escaliers, des passerelles, se glissent entre des voûtes découpées, sculptées comme des dentelles de cathédrale sur 45 mètres de profondeur… pause magnifique sur une plate forme qui domine un lac vert. L’eau dormante y étale ses plis de soie mordorée. C’est un bel endroit où s’attarder mais pas en période estivale. Pas avec un masque permanent sur le nez et la bouche.  Venez y, c’est grandiose !

corniche cevennesFin d’après-midi, nous redécouvrons la Corniche des Cévennes que nous avions déjà déroulée en moto et nous retrouvons le même enchantement.  Falaises  et sommets en enfilade, nous décidons de prendre de l’altitude. Nous dormirons à « Le Pompidou », 750 m, petite hauteur vivifiante  . Nous sommes deux occupants dans le camping municipal très rustique. Les sanitaires sont fermés à cause de la crise covid. Pas grave, on a de l’autonomie.

Ma main gauche est hyper sensible et je la protège. Laurent assure toutes les corvées du quotidien. Je crois même que ça lui plaît.

Vendredi 21 août 2020

TararbiscasDans la matinée, nous partons à l’assaut du col de Tararbisas, plaisir de se dérouiller les jambes sur un sentier puis sur une piste caillouteuse. Une sympathique grimpée, face aux sommets arrondis qui fuient vers l’horizon.
A la tombée de la nuit, le museau face au ciel, nos yeux se perdent dans une belle nuit étoilée. L’allumeur de réverbères se déchaîne.

JanouRemise en question de Laurent :
- Tu tiens absolument à aller jusqu’au bout du pays ?
- C’est où le bout du pays ?
- On parlait du nord, de Cherbourg à Dunkerque par exemple.
Faut bien que je l’avoue, j’ai très envie de découvrir cette France extrême que je ne connais pas. C’était là, que je situais l’exotisme de mes vacances. Mais on peut faire ça plus tard… ou jamais.
Donc je triche un peu sur ma réponse.
- J’y tiens pas absolument du moment que je voyage et que je découvre des coins nouveaux et tranquilles… Vacances sereines, mari épanoui, telles sont mes priorités.
Grand sourire de Laurent.
-  Y’a tant d’espaces. Moi j’ai envie de faire ici du tourisme de proximité.
- On tracerait des lignes à travers l’Aubrac et les monts du Cantal
- Et je serai ton pilote de ligne, sans compter que je me débrouille pas comme un manche.
- Non, mais tu vas tirer pas mal de bords.
- Dis trésor et si on tirait des bords carrés ?
Notre petit camion frise l’euphorie. C’est chouette d’être d’accord.

Samedi matin, la Corniche des Cévennes change d’aspect. La route est bordée de sorbiers  flamboyants. Les milans en larges cercles traquent depuis le ciel, les chaumes desséchés. Nous ferons une courte pause café à Florac, petite ville sage et sans prétention.

Nuitée à Ispagnac sympathique village médiévale de granit clair, au bord du Tarn. Nous y déambulerons avec bonheur. Beaucoup de plages aménagées dans les galets, de rares familles s’y éclaboussent et pataugent. Un bonheur de vacances.
Ispagnac
ispagnac

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lundi, Laurent nous pilote vers Mende. La cathédrale dresse son clocher pointu, magnifique flèche brandie vers le ciel. Mais la ville ne nous attire pas.
Nous nous installerons dans le pré d’une fromagerie de Saint Gal, cernée de blocs de granit ; Ici les vaches sont beiges, le poil quasiment ras, une rassurante silhouette de nourrice opulente. De bien belles nounous pour notre petite Tamara.

En soirée, la laiterie est ouverte. Nous y dégustons un fromage local goûteux et pas cher, assez proche du saint nectaire en saveur. Nous renouvelons notre stock de laiterie, beurre et yaourts en produits frais, ni traités, ni pasteurisés. Un rappel nostalgique de nos paysans Charantillais. J’ai adoré… Et puis ces vaches de l’Aubrac, couleur claire de la roche sont très élégantes.

Mardi 25 août 2020
Quand on rêve d’aventure on ne résiste pas à la bête du Gévaudan. C’est donc dans le parc des loups que nous passerons la nuit ; dans ce parc clos, les loups vivent en liberté, des allées confortables permettent de déambuler en toute sécurité à travers cette immense forêt. Gros morceau de chance, les visiteurs s’éparpillent sans bousculade. C’est chouette. Le meilleur moment c’est le spectacle pédagogique de la fauconnerie « Griffondor » qui éduque hiboux, chouettes, aigles, buses et autres rapaces…

buse en volchouetteDepuis Harry Potter on connaît tous cette école prestigieuse. Les deux  fauconniers  aussi jeunes que passionnés, sont joyeux, taquins et très affectifs. Une heure émerveillée entre des rapaces éduqués et très sympathiques, un brin facétieux. Ils décollent et atterrissent au ras de nos cheveux, leurs ailes nous caressent les sourcils en passant. Les grands yeux jaunes d’un hibou nous dévisage à la portée de notre nez.
Dans la sécurité du petit camion, tard le soir, je guette sous ma couette les hurlements de loups de l’autre côté de la clôture. J’essaie d’entendre les différentes modulations, cris, appels, crainte, besoin, ou plaisir et complicité… Impossible à décrypter mais c’est un concert qui m’interpelle. Je me demande pourquoi on n’entend pas les loups le jour.
Pause café à Saint Chély d’Apcher, ville sinueuse et agitée. Elle ne convient pas au petit camion. Passons donc…
La découverte de l’Aubrac nous enchante. Les prairies sont plus vertes, plus grasses. Les sorbiers rouges illuminent des forêts brouillons, d’épicéas, de peupliers, et autres feuillus. Je me sens bien dans cet univers sauvage, qui cache de secrètes profondeurs.

Le MelzieuNous passerons la nuit à Le Malzieu, village du XIème siècle magnifique et peu fréquenté. Les maisons de granit clair sont très chics, parfaitement rénovées. Les fleurs s’épanouissent au bord des fenêtres, le long des trottoirs… La Truyère se déverse en bras ombragés à travers la ville.
Fournels

Le petit camion part enthousiaste à l’assaut de la route des thermes. Pause réparatrice à Chaudes Aigues, pour ma main gauche toujours douloureuse et trop peu peu opérationnelle.

source ParDans la ville nous repérons la fontaine du Par, la source coule à 82° mais je préfère m’attarder dans le lavoir municipal dont les bassins sont à 65°.

source ParJ’y plonge ma main blessée, elle s’y épanouit comme une étoile à cinq branches. Les nuances de bleu qui teintaient ma paume, le dessus de la main et le poignet sont passées au jaune verdâtre, avec le fond du bassin de rinçage en fond d’écran, je trouve que ma main a de l’allure. Je la plonge, la remonte en quelques secondes, (c’est vraiment chaud cette source) puis replonge… Super, je suis en  phase d’autoréparation.

Chaudes Aigues
 

 

Nous prenons la route des monts du Cantal  sinueuse, très forestière, toujours brouillonne envahie de fougères. Nous passerons le pont de Lanau sur la Truyère, qui s’élargit en un bien joli lac où flânent mollement deux canots.

Vendredi 28 août 2020
Pluie annoncée. Camping municipal de Fridefont, quasi désert. Pause tranquille, sobre et économique. Demain le soleil revient, nous déciderons alors de notre prochaine étape.
Affectueuses pensées à nos petits qui vont reprendre l’école, nous penserons à eux lundi. Et puis je crois bien que Tamara va découvrir sa nouvelle vie chez la nounou…


 

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