SEMAINE CHANTANTE À VOGÜÉ (07)
Sous l'impulsion d'Annette et Claude, nous voici donc embarqués Laurent et moi, pour une expédition inédite, « Semaine Chantante" à Vogüé (07)

Nous découvrons émerveillés sous la lumière feutrée d'une journée d'automne ce sympathique village que le roulement de l'Ardèche berce paisiblement. Nous serons en totale immersion (non pas dans l’Ardèche. Comme vous savez je n’ai pas de maillot de bain) mais et c’est bien plus fort, notre immersion sera au coeur de la musique, et plus fort encore, au coeur de deux choeurs... soient pas loin de 80 choristes... Si, si, si.
Et oui, des choristes, bien plus expérimentés que nous pour la plupart. Nous devrons faire avec notre qualité (nous sommes fort enthousiastes) mais aussi faire avec notre défaut, (nous débarquons avec l’appréhension des débutants)
C’est une chose fort réjouissante de chanter dans sa cuisine ou sous le contrôle du piano dans son petit coin personnel et c’en est, fichtre, une bien différente de se mêler à des voix étrangères, sûres de leur timbre, sous l’oeil aussi perspicace qu’espiègle de notre chef, Christophe Duhamel.
Quel chef, ce chef fait homme !

Regardez son bon sourire, son regard complice et confiant. Quelle belle image, et encore, elle passe sous silence, la vivacité, l’humour et la richesse intellectuelle de cet homme remarquable.
Il a tôt fait de nous mettre à l’aise.
Enfin, pour Laurent et moi, le réveil de nos voix assoupies dans la quiétude quotidienne, c’est un peu laborieux. Ça râclote, ça grinçouille et ça glisse quelquefois malencontreusement. Mais on chante de bon coeur.
Quand nous faiblissons, Le chef, il dit en haussant le ton, « mais chantez, chantez donc, non d’une pipe en bois... » (pour pas dire moins courtois)
Alors nous nous lâchons, pour pas le fâcher, il a un si beau sourire. Nous chantons de bon coeur. Et c’est un petit miracle.

La première matinée nous donne déjà la mesure de ce que notre voix peut devenir pour peu qu’on se donne la peine de vocaliser avec la plus sérieuse des concentrations. Moi, j’adore ça, juste me concentrer mais à fond, hors du temps, hors du monde, juste en conscience de ce qui se passe avec ma voix…
Chouette alors, ça ne fait aucun doute pour moi, je vais recommencer à chanter… et durablement.
L’oeuvre de Girolamo Frescobaldi, quel charme, quelle classe il a, non ?

pour une messe brillante et explosive qui nous secoue et nous embarque dans d’étonnantes cascades de voix.
Oh là, là, dur, dur pour Monsieur Duhamel, pour nous tous, mais que ça fait du bien à l’âme.

Ainsi nous passerons 6 heures par jour à chanter, avec de sympathiques pauses, longues et bienfaisantes, dans l’agréable domaine de Lou Capitelle à Vogüé.

Souvenez vous que je suis tombée en amour pour Handel à l’âge de 11 ans et je n’en suis toujours pas guérie. Alors avec cette Messa Sopra de la Monica choisie par Christophe, chanter est à la fois un exercice souvent périlleux mais qui me comble de bonheur. En plein dans le monde que j’aime.
Le concert a permis à la belle église de Vogüé de vivre ce moment fort de l’année. Les voûtes ont bien résonné. Elles en ont peut-être aussi profité pour raisonner, allez savoir ce qui se passe dans l’âme des pierres.

Quant à moi, j’ai vécu des moments intenses et les plus beaux, en harmonie avec des voix qui m’embarquaient sous la direction d’un chef de choeur époustouflant.
Et puis, le moment du concert, wouha... C'était prodigieux, et ce fut pour de vrai un prodige car nous avons donné le meilleur de ce que Christophe nous a appris, et ça c'est vraiment chouette.
Au bord de l'Ardèche, la petite église dédiée à Marie, à nagé dans l'euphorie...

Nous sommes rentrés hier et nous nous sentons chez nous, comme quand on rentre d’un voyage aussi lointain qu’exotique. Un parfum d'ailleurs flotte dans les murs de notre petite maison de carton.
Nous ressentons aussi la nostalgie de ces amitiés aussi neuves qu'éphémères. Et une sorte de bonheur aussi. La fugacité de ces rencontres fait leur richesse.