Rencontre avec Jean BOGGIO POLA, cinéaste, réalisateur

GP jean

 

Une matinée idéale avec Jean BOGGIO POLA

 

Nous venions de nous rencontrer à la maison. Nous avions calé un rendez-vous pour quelques adhérents, à son domicile, une sympathique maison en pleine campagne aixoise. Quelques mots standards, pour s'assurer qu'on parle la même langue. Très vite cet homme passionné nous embarque dans son vaste monde d'images. Il sait tant de choses. Nous sommes cinq empêtrés et démunis. Par où commencer ?

 

Laurent lui avait donné un DVD de nos fictions 2011. Il commence par ça. Il les a regardées.Fichtre, je n'en reviens pas. Dans nos fictions, y'a pas tout qui est mauvais. Il simplifie magistralement la critique. Il la positive. C'est si simple. Synthèse :

- Votre film dure 20 minutes, tranchez dans le vif, faites en 8 mn, il sera nettement meilleur...
 
En voilà un bel horizon qui s'ouvreToutefois, ça pose question. On s'est cassé la tête pour faire des plans, on a réfléchi à des dialogues à peu près cohérents, on s'est efforcé de limiter le verbiage, et il nous démontre que ce qu'on a fait c'est de la paraphrase d'images... Juste en citant quelques plans et en les reformulant... Modèle à suivre.

Leçon numéro 1, qui rejoint le principe de notre ami Daniel Demimieux, (merci CVA) "Filmer long - monter court" - J'avais admis ce concept, mais je viens d'apprendre comment l'appliquer. Quel bonheur !

Ensuite, il nous montre des extraits de films qu'il a tournés au Brésil, à Madagascar, en Amazonie, et qu'il a montés lui-même. Il décrypte pour nous l'organisation de son montage.
Il y a des règles simples à entendre, et dont je compte bien me souvenir :

- Pour chaque séquence, organiser les rusches en containers, (bins)

Par exemple, séquence "recevoir des invités"

Arrivée des invités - installation à table - repas - vaisselle (4 bins)

Les prises qui correspondent à chacun de ces bins, peuvent être manipulées, déplacées, coupées selon ce que le monteur veut exprimer dans ce plan.

C'est une manière de rationaliser le travail du montage.

Regarder ensuite le montage sans le son.

Pour que le film soit "regardable" il faut que la lecture des images muettes permette de comprendre ce qu'on veut raconter. Cette approche doit donner de la visibilité aux dialogues ou aux commentaires indispensables.

Concernant le reportage, la technique favorite de Jean est différente. Il part d'un thème sonore. Une musique évoque des images, une histoire. Il se consacrera d'abord à l'écoute de la musique, qu'est ce que ça évoque... Quelles images s'y posent naturellement.

Il nous rappelle aussi qu'un bon cadreur travaille sur la symbolique de l'image :
Où est posé le personnage important ?
Où veut-on attirer le regard du spectateur ?

Il insiste aussi sur le fait qu'on ne fait jamais trop de plans, GP, TGP, plans de coupes... Cela peut sauver des prises... donner de la dynamique au montage. On sait déjà tout ça me direz-vous. Moi je suis d'accord,

mais alors expliquez-moi pourquoi on le fait si mal ?

Nous avons eu ce vendredi matin là, l'inoubliable chance de rencontrer un cinéaste qui réalise ses films avec passion. Nous avons rencontré un passeur de savoirs qui nous laisse le sentiment que nous savons comment progresser.

Mais il n'y a pas que ça.

Prenez le temps de repérer ses films, celui de visiter son vaste monde humain. Il y débusque d'incroyables modes de vie, des rites inacceptables, des comportements aussi stupides que cruels... et sa caméra discrète magnifique fait témoignage pour que nous sachions tous que ça existe et que c'est pas si loin de nous qu'on voudrait bien le croire.

On ne sort pas indemne d'une rencontre avec Jean Boggio Pola.

Essayez-donc ce lien : http://www.youtube.com/watch?v=lg20FOimKo8

 

 

 

 

 

 

 

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