Minorque Albuferas-Colom

Mercredi 1er aout 2007 - 39°58'N - 04°16,60' E

Nous avons passé hier une journée de grand ménage à bord. C'est pas qu'on encrasse tant que ça la cabine ou le carré, mais à force de s'éparpiller, de poser vite fait n'importe quoi, n'importe où, ça me démangeait de faire l'espace un peu plus net. Comme disait la Noiraude en nous regardant d'un oeil sournois, "une femme n'y retrouverait pas son nourrisson dans votre boxon".

Aujourd'hui, la météo annonce du sud, nous prendrons donc la route vers le nord, cap Isla Colom, moins de dix milles nautiques. C'est vraiment un magnifique espace entre île et terre. De jolies plages dans des petits creux abrités... et une foule considérable d'embarcations qui entrent et qui sortent... Mouillage vraiment encombré. Un corps-mort disponible. trop tentant. Laurent se précipite à l'avant avec un cordage et je me mets à la barre. Hardi petit, face au vent, au ralenti. Manoeuvre impec et facile. Quel confort d'un coup ! lorsque tombe le soir, l'espace se vide en une heure. En sirotant notre pastis bien frais, nous dégustons un moment génial. Arrive l'heure du contrôle officiel du mouillage. Un grand homme en uniforme, la cinquantaine avantageuse, pilote son zodiac à travers les bouées. Il prend des notes... Allure fort intéressante à la Harrisson Ford (vous voyez ce que je veux dire les filles). A notre niveau, il ralentit, un grand sourire, "Holà !" et continue son chemin. Du rêve plein les yeux. Donc, nous sommes autorisés à rester là. Deux jours sur bouée gratuite. C'est pas beau Minorque !

es graoQuelques mots sur ce site, ne le ratez surtout pas, si vous passez par là. En arrivant du sud, juste avant l'île de Colom où nous sommes mouillés bien à l'abri du vent du sud, il y a une grande anse de sable fin, un petit village,"Es Grao"

et un accès balisé à terre, lagune des Albuferas. Ce village d'Es Grao, que nous avons abordé en annexe, est un magnifique endroit pour des vacances en famille. Les habitations à louer y sont nombreuses. C'est calme, à quinze kilomètres de Mahon (Maö), la capitale. On y trouve l'essentiel pour des vacances isolées et tranquilles. Et cette lagune ! Sentier de sable fin à travers une grande forêt de pins et chemins à travers d'énormes bouquets de joncs et d'asparagus. Des buissons verdoyants où les oiseaux en sécurité ne s'effarouchent même pas à notre passage.

albuferras 1

Danièle et Dominique (de DDT) nous aurions aimé que vous puissiez jouir de cet endroit avec nous.

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Ici, pas de pêche, pas de chasse. Faire silence. S'asseoir, prendre le temps d'entendre et de voir. Pur instant à engranger. Au retour, nous cédons le passage (priorité à droite oblige) à une tortue nonchalante qui mâchouille son brin d'herbe en nous croisant. Prends ton temps, ma belle, nous n'avons que ça à faire.
Fin d'après-midi, nous n'avons plus de pain, c'est moi qui m'y colle pour cette fournée. Option farine intégrale. Ouha, ça fleure bon la boulageaille dans ce navire.
Jeudi soir. Vraie journée de plaisance. Le total bonheur. Je me sens tellement bien, que je m'offre enfin mon premier bain de mer.


Vendredi 3 aout 2007.

On a bien fait d'en profiter. Nous sommes réveillés au milieu de la nuit par une agitation incroyable. Que disait la météo du soir ? C'est quoi ce cirque, ça devrait pas secouer autant !
C'est vite l'enfer. Laurent excédé de se faire bousculer par les mouvements intempestifs déménage dans le carré à deux heures du matin. J'ai toute la place pour me caler, je me rendors aussi sec, mais mal. Nuit chaotique, en sécurité puisque nous sommes sur bouée, mais très inconfortable. Le vent est passé au nord. La houle rentre à fond de train. Nous sommes vraiment malmenés et ça grince dans tous les coins du navire, et ça hurle dans les haubans. Qui c'est qui parlait de plaisance ? Le jour s'est levé, mauvais poil pour tout le monde, Noiraude comprise. Toujours grand secouage à bord. Météo annoncée, NE force quatre à six pour deux jours. Sans espoir d'amélioration immédiate, tempête sur le continent, mer forte... Cassons-nous vite fait. Petit-déjeuner ? Pas le temps, pas envie. D'abord, retrouver le havre si doux de Mahon. Vite sortir d'ici.
Nous quittons le mouillage avec trois ris dans la grand'voile et trois ris dans le génois. Petit toilage de midinette, mais Laurent ne veut pas se risquer à des manoeuvres scabreuses, on ne sait pas comment sera la mer à la sortie de notre abri.ldm mer

Très vite nous prenons une allure au travers, qui serait sympa si la mer l'était. Aussi petitement toilé que nous sommes, nous fonçons sur l'écume à plus de sept noeuds. Impressionnant. Le safran qui entre en vibrations au delà de six noeuds et demi nous offre un concert qui nous démoralise. Je crois que je n'ai jamais vu la méditerranée dans cet état. Les creux peuvent dépasser trois mètres. Ce sont les plus terribles. Ils nous bousculent salement. Nous plongeons dans les creux, il n'y a plus d'horizon. Les vagues sont courtes. Lorsqu'on court sur les crêtes, l'écume crache sa bave sur l'horizon. Drôle d'effet. C'est fort impressionnant et magnifique. Les vagues se brisent sur nos flans, éclaboussent le pont qui ruisselle. Les coups de déferlantes arrivent quelquefois par l'arrière. Les poussées au cul de Lune de Miel sont alors bien trop violentes. Restons vigilants. Nous nous relayons pour barrer. Guère de souplesse dans la conduite. On ne croise pas âme qui vive, même pas un goéland qui aurait envie de se faire décoiffer. Ma parole, y'a que nous dehors ! J'aimerais bien qu'on ralentisse. Ça va trop fort pour mon âme délicate. Nous sommes perplexes. Nous avons souvenirs de creux bien plus impressionnants que ça en atlantique. Notre problème c'est l'effet que ça fait ici. Cette mer n'est pas assez vaste pour d'aussi grosses vagues. Les creux et les bosses de houle n'ont pas de place pour s'étaler. Ils se poursuivent à toute allure et nous talonnent à coups de trique, et sans relâche. Des rafales plein les voiles, de la violence plein la coque, à peine une heure de déferlements, une éternité !
Oh la, la ... Que c'était long !


ouf, remparts

 Les remparts de la sympathique citadelle de la Mola apparaissent. Dès que nous entrons dans la passe de Mahon, le calme revient. J'adore Mahon et le mouillage de Teulera. En plus, y'a plein de place pour se poser.

 

 


Nous laisserons le sud de l'île aux plaisanciers du dimanche. Un peu de tourisme à Maho, en voilà une bonne idée. Pour info, le club nautique de Mahon affiche complet, le prix de la place pour un bateau de douze mètres est de soixante-dix-huit euros par jour. Ne venez pas à Minorque avec l'idée de profiter des ports, l'option résidence-hôtel est plus sûre et surtout plus économique.

 

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