APPRENTIS CROISIÉRISTES....

navire

Vendredi 9 juin, 14h00

L'immense navire nous offre son très  joli profil. José nous accompagne jusqu'à l'embarquement aussi épaté que nous.

- Ouha, de près, c'est impressionnant hein ?

Les bagages sont capturés vite fait, photos avant de passer le sas, ... formalités vite expédiées. On nous remet à chacun une carte magnétique qui sera notre sésame et même carte de paiement pour tous les accès et tous les achats à bord. C'est pas risqué ça ? C'est quasiment un chèque en blanc pour Costa.

- T'inquiète pas, je gère...
- D'accord.

Derniers regards au delà du portique. Baisers déjà lointains vers José qui retourne à son monde familial. Laurent m'entraine vers le navire.

- Allez on embarque ?

Et puis son bras m'entoure gentiment.
- Bonnes vacances, mon trésor !

On échange une petite bise, histoire de se réjouir mutuellement. Nous avançons avec prudence sur la passerelle où une armada de galonnés nous salue avec enthousiasme.

Que d'honneur !

Nous nous échappons vite vers les entrailles du navire. Jeu de piste rigolo pour se repérer dans les étages, pardon dans les différents ponts. D'autant qu'au niveau du 5ème pont, il faut changer de bord, traverser tout le navire pour aller à l'avant du bateau vers notre cabine... au pont 10. Confirmation donc, ce navire est gigantesque et nous n'en finirons pas de nous perdre.  Notre responsable cabine nous accueille. C'est un charmant jeune homme de type indien, courtois, souriant, et si discret...

cygnes

La cabine est vaste, et la baie sur le balcon est ouverte. C'est chouette d'avoir vue sur la mer, de respirer l'air marin, depuis chez soi. Quel luxe de pouvoir ouvrir la cabine directement sur l'horizon. Nous sommes enchantés.

Nous irons flâner sur les ponts extérieurs, depuis les ponts arrière s'enivrer de la vue sur Marseille, belle et grande cité du sud de la France.

Toutes ces allées et venues, nous ont épuisés. C'est l'heure de  notre première gorgée de bière (panaché pour moi) dans le grand salon avec vue imprenable sur le départ. Dès les premiers frémissements du navire, nous nous précipitons sur le pont avant. Ce serait un comble de rater ce départ exceptionnel pour nous.

marseille

N'oublions pas les obligations de la vie d'un croisiériste. L'une d'elle, c'est de se fondre dans le faste et l'apparat... Chaque jour, sont déposés dans nos cabines le programme du jour et les consignes vestimentaires en fonction du thème de la soirée. Ainsi notre premier code vestimentaire est une mise en route plutôt simple...   "tenue élégante conseillée". Nous nous prenons tout de suite au jeu...Une jupe légère, un chemisier ajusté, et des nus-pieds talons fins, que j'ai  rarement l'occasion de porter. Un légère touche de maquillage. Fichtre, ça ne m'était pas arrivé depuis au moins 10 ans. Laurent inaugure un jean super chouette, qu'il ne porte jamais et une chemisette en lin qui reprend du service. Mocassins légers pour un délicat confort. Je nous plais bien comme ça.

ja cabine

 

Je vous ferai grâce de toute nos inventions de toilette (soirée rouge, soirée noir et blanc, soirée exotiques, -ma  préférée) entre la soirée décontractée et la  soirée gala, nous avons bien rigolé. Faut dire qu'on a largement le temps de s'y essayer.

- Dis Laurent, si on gardait l'habitude à la maison.

- Tu veux dire nous habiller le soir ?

- Ben, oui, après la douche du soir, on pourrait se costumer.

- Se costumer, vraiment ?

- Oui, au sens noble du terme. Un peu comme en ce moment.

Que je dis, en lissant ma jupe pour qu'elle rebique pas trop sur mes genoux celluliteux....

- Tu laisserais tomber le pyjama molleton d'hiver, ta liquette d'été et les chaussettes montagnardes qui te tiennent lieu de pantoufles.

Je reste pensive. Laurent en profite pour se pavaner.

- On en reparle au bout du voyage. Mais là, comment tu me trouves ?

Rasé de près, tortillant des fesses, buste en avant, allure avantageuse... Dommage le petite bidon, mais quand même, quelle allure !

Ainsi, nous avons pris le pli et le rythme de ce séjour en mer bien joyeusement.

Entre tous ces ponts, nos moments de flâneries en plein air, nos moments d'observation de la mer, nos moments d'exploration des différents ponts, de découverte des salons et de leurs activités.  et  les incroyables dégustations repas, le temps file bien plus vite que le bateau. Nous n'avons même pas le temps de profiter des animations aussi multiples que variées. (jeux de sociétés-défis en tous genres-animations sportives, quiz et concours "the voice". . . Pas attirés par ça ? Pas de problème nous sommes autonomes question loisirs : mots croisés, lecture, jeu d'échecs, rêveries partagées...

C'est la bonne saison, le navire est loin d'afficher complet à peine un tiers des passagers. On s'isole facilement dans les différents espaces. Mais c'est sympa aussi d'admirer les danseurs du bar, piste tango, piste disco, piste danses de salon... ceux qui transpirent en rythme et en gym au bord de la piscine, pendant que nous léchons consciencieusement nos crèmes glacées italiennes.

J'adore flâner dans les coursives. Nous avons participé à deux rendez-vous "bien être", l'un concernant nos postures, l'autre : "comment évacuer les poches sous les yeux...?" 

Nous avons assisté à deux spectacles d'excellente qualité.

theatre soiree

Le soir nous retrouvions avec plaisir nos deux voisins et trois voisines de table. De vrais personnages au format Agatha Christie. Fort divertissants, vraiment ! Notamment une vielle dame, 85 ans, menue, vive, au regard pétillant dont le sourire illumine le visage et noie les rides profondes. Elle porte d'invraisemblables chapeaux à fleurs. Elle parait si menue dans ses vastes robes ultra longues... Je l'adore ! L'autre vieille affiche le même âge que moi. Elle est seule. C'est une sorte de nunuche un rien lourdaude à qui il arrive toutes les avanies possible. Elle s'inscrit à une excursion et se trompe d'heure. Elle se demande ce que vont lui couter le verre d'eau et le vin qu'elle boit à chaque  repas. Ça l'angoisse alors elle boit un coup pour se requinquer. Sa cabine sent l'essence, elle a peur d'une explosion en milieu de nuit. Elle renverse son assiette de couscous sur son chemisier, et quitte la table paniquée. Elle adore danser mais uniquement la valse et tous ses cavaliers la lâchent après la première danse... La vie est vraiment dure pour elle.  Mais elle ne se formalise pas,

- Bof, j'ai l'habitude....

Nous partageons aussi notre table avec  un couple, la septantaine.  Ils affichent l'autorité des croisiéristes blasés . C'est madame qui mène le train. Lui, il s'isole derrière son regard injecté de sang. La couperose installée lui donne des allures de vieil alcoolique repenti. Car ils ne boivent que de l'eau. Madame l'annonce péremptoire. Et lui, il louche sur la bouteille de vin de Laurent (qui n'ose pas lui en proposer....)  Elle les habille tous les deux en vêtements de luxe, très chics... Elle achète à outrance, sa routine mensuelle. Faut  bien soutenir les nécessiteux. Elle s'offre donc régulièrement des folies vestimentaires en dévalisant "le Secours Catholique". Mais attention, uniquement des vêtements de marque. Qu'elle nous détaille à chaque repas. L'autre homme de la table porte beau, chic mais sobre. C'est un danseur de tango, qui gagne des concours, qui fréquente plusieurs clubs, mais ce n'est pas que cela. Cet  homme se veut cultivé, discrètement. Ça force l'écoute. Je le crois un peu sourd. C'est fascinant de l'entendre embrayer avec forces détails sur n'importe quel sujet, artistique, politique, technique... Mais d'où, il sort tout ça ? La petite vieille chapeautée et la bienfaitrice du secours catholique, lui tiennent tête. Elles ont tellement vécu, et dans de si fabuleux endroits. Elles ont copiné avec tant de personnages exceptionnels. Ceux dont on parle dans les salons, et pas seulement dans les salons de coiffure.  Nous sommes noyés dans leurs échanges. .

Quelquefois hors de propos, mon esprit s'envole, s'évade autour des tables. En face de moi, la place est libre. Vue imprenable sur et sous la table voisine. Très animée, elle aussi, par des français. J'y repère un vieux, d'au moins soixante ans. Drôle de genre. Chemise rose, pantalon gris strié d'argent, et chaussures à motifs argentés  sur de trop grands pieds. Il a le soulier baladeur ce prédateur. Sa victime ? Une jeunette de trente ans, qui ne sait où caser ses mollets. Elle adresse à sa voisine, compagne du Monsieur, des sourires consternés. Pendant que mes compagnons de dinette font assaut de culture, en toute courtoisie.

Ce pied impudique m'inspire.

Et si ce dinosaure soudain s'affalait dans son assiette, tombait lourdement de sa chaise... Oh là, là ! Sa compagne se précipite. Cris,  panique. Serveurs stylés qui courent dans tous les sens.

Mais où est donc passé Hercule Poirot ?

 

 

 

 

 

 

   

 

 

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