2010 MARTIGUES journée handi-action nautique

 Dimanche 6 juin 2010 -

Nous partons avant 8h du matin, autrement dit aux aurores, et je me demande encore comment j'ai fait pour être opérationnelle. Journée Handi-Action Nautique au CVMartigues, le club de voile dans lequel nous nous épanouissons joyeusement depuis plus de 20 ans. Je dois être à l'accueil, on offre café et croissants frais pour les premiers arrivés. Y s'agit pas d'être en retard. Les yeux encore collés, complètement vaseuse, je n'entends pas trop ce que Laurent mastique à la table du petit déjeuner.

- On y va en moto ?
- .....
- Tu veux prendre la route touristique du Delà ?
- M'est égal !

Coup d'oeil surpris de Laurent car je déteste l'autoroute en moto. Décidément je suis vraiment ensuquée. Du coup, il choisit son itinéraire. Allons y pour un grand tour d'autoroute qui contourne largement l'étang de Berre par le sud, au moins 40 km... Rognac, Vitrolles, Gignac, vive la somnolence...Entre Marigane et Gignac, la moto ralentit, le changement d'allure me réveille. Le Ploum Ploum Ploum Broo o...m s'affaisse doucement, et on se range sur la bande d'arrêt d'urgence. Arrêt pipi, tout le monde descend. Je sors la tête de mon casque-bocal.

- T'aurais pas pu prévoir avant le départ
- Prévoir quoi ?
- Ben, l'arrêt pipi !
- C'est la moto qui a des besoins incontrôlés. T'as pas remarqué que le moteur s'est tout bonnement arrêté de tourner ?
- Ah, si bien sûr, je plaisantais...  Bon on fait quoi ?
- On remet en route.

Mon instinct féminin me dit que ce sera pas si simple, et ce n'est pas si simple. Même pas un soubresaut le moteur.
- Alors ?
Laurent se gratte la tête (ça peut vous rappeler d'autres circonstances en mer, avec un moteur facétieux ) moi ça me frappe tout de suite.
- T'aurais pas un problème d'arrivée d'essence ?
- Non, nous n'aurions pas roulé aussi loin. J'ai fait le plein hier. J'essaie encore !

Miracle, ça repart. On se remet en selle... Magnifique. Au moins 3 km, et nouveau soupir du moteur, arrêt en douceur sur la bande d'arrêt d'urgence. Diagnostic imparable de Laurent.
- C'est une panne à chaud, c'est sûrement l'électronique.

S'il le dit, j'y vois pas d'inconvénient. Doit-on appeler au secours ? Et qui doit-on appeler ? Est-ce que ça se fait de tracter une moto pour la ramener en lieux sûr ? Pendant que Laurent se gratte efficacement les cheveux, je contacte nos amis du CVMartigues, car je ne serai pas opérationnelle pour le café des invités. Miracle nous n'avons pas oublié le téléphone portable dans une poche quelconque du panier de linge sale.
- Désolée, nous aurons un retard indéterminé.
- T'inquiète pas on gère, arrive dès que tu peux.

La moto se remet en route.... On serre les fesses, Laurent précautionneux roule sur la ligne d'arrêt d'urgence, les voitures nous doublent. Je remarque seulement à ce moment là qu'il y a bien du monde qui circule pour un dimanche aux aurores. Déjà la ruée vers les plages de la Côte Bleue, oh les pôvres ! Enfin, c'est plus vraiment l'aurore, il est pas loin de 9h, j'imagine.TRIUMPH
Et pas loin de 2 km plus tard quand la moto de nouveau s'assoupit. C'est lassant à la longue. On se range une nouvelle fois du trafic qui commence à me chauffer les oreilles. On s'abrite derrière le rail de sécurité, face à Gignac, l'étang en fond d'écran. Le derrière dans des herbes jaunies, entre déchets plastiques et cannettes vides semés dans des arbustes rachitiques. C'est pas jouissif comme pause. Dire que si on était passé par St Chamas, on aurait pu faire des pause champêtres, forestières, maritimes... On aurait pu herboriser, se vautrer sous les pinèdes... Au lieu de ça, nous pataugeons dans des décisions hasardeuses. Car nous décidons de rentrer à Velaux... en moto...
Le système en surchauffe a eu le temps de refroidir. Il faudrait d'abord sortir de l'autoroute car nous ne nous y sentons guère en sécurité avec tous ces damnés du bitume qui nous frôlent à vive allure. (Bon, si ça trouve y'a l'un de vous dans son joli bolide, et personne n'imagine qu'on est dans la panade) Oh la la, quand te reverrai-je ma petite maison de Velaux ? Pour le moment, la moto reprend son souffle. Laurent ventile le moteur avec le plat de la main... Il y croit. Un p'tit coup de démarrage et c'est reparti. Cap sur Velaux. En haut des côtes, Laurent coupe le moteur et on roule en roues libres... C'est une conduite particulière toute en douceur. Exquise conduite, assez chaotique, sympathique parfum d'aventure et peu polluante. Dans les bonnes descentes (au niveau d'eurocopter par exemple) la moto remonte même la côte sur son élan et on redescend le tout en roues libres. En voilà une moto qui n'en fait qu'à sa tête !
Prise de conscience accablante. Nous avons roulé sur cet itinéraire plus de 60 % de km sans moteur, sans carburant ! On a mis du temps d'accord, mais du coup l'économie d'essence sur ce trajet n'est pas anodine. Je me réjouis que certains esprits évolués cogitent à ma place à ce sujet. Et la moto se rendort juste au moment où nous descendons notre voie d'accès, à deux cents mètres de la maison. Elle refuse tout bonnement de monter se garer. On la laisse donc bouder le long du mur et on repart aussi sec à Martigues, en voiture.

Nous somme enfin opérationnels pour la journée d'accueil au club de voiles sur le coup de 11h00. Toute une armada de personnes handicapées à des degrés divers flânent à travers les ateliers proposés. Ils arrivent avec leurs éducateurs ou en famille, choisissent leurs activités. Des fois, ils veulent tout faire, tir au fusil laser pour les déficients visuels, plaisance à bord d'un canot, embarquement avec une grue pour les pilotes de fauteuils roulants.EMBARQUEMENT

Promenade romantique dans la Venise Provençale en zodiac, Plaisance à la voile avec le bateau du club, jeu de boules pour les terriens. Tout le monde sait ça, les activités nautiques, ça creuse. 13h, paella de rêve, proposée par nos amis du Rotary club d'Istres. plus de 200 affamés se ruent sur les assiettes. Et ça se régale joyeusement.

PAELLA

14h30, Partance régate depuis les quais de Ste Anne. Nos invités sont éparpillés à bord de 12 voiliers pour la plus belle course de l'année sur l'étang de Berre. Courte mais bonne; Environ 8 milles, brise d'une dizaine de noeuds pour un départ ferme et tranquille. Rapidement, le ciel pluvio-nuageux bouscule un peu les équipages, mais les conditions sont idéales pour une régate. On se quitte tous dans l'enthousiasme. A l'année prochaine...

Il est dit cependant que ce sera jusqu'au bout une néfaste journée. Bon, d'accord, nous avons été négligents pour le carénage, que nous n'avons pas réussi à programmer au début du printemps. Bon, d'accord, on avait remarqué les herbages le long de la ligne de flottaison, des petits cacas sombres couleurs coquillages et nous avions craint que l'hélice soit encroûtée de parasites. Mais si à l'aller, LDM était lent il était manoeuvrant. Donc nous nous sommes lancés plutôt confiants. Manque de pot, au retour, une bourrasque a poussé sur l'avant et le bateau a refusé de pointer son nez vers le quai. La malchance ayant voulu que le niveau d'eau de l'étang soit à son minimum., nous nous sommes tout simplement encalminés devant notre place. Cette nouille de voilier frétillait bêtement sur sa quille. Pris dans la vase ou prisonnier des amarres qui barrent jusqu'au milieu de la passe ? Les deux à la fois mon Capitaine.
Les potes sont venus nous porter secours depuis la panne. C'est très rigolo quand quelqu'un merdoie en rentrant au port, on découvre trois sortes de potes,
- les narquois qui se fendent la pêche, "na, na, na, c'est pas à moi que ça arriverait !"
- les brailleurs, ils gesticulent, ils font les importants, ils n'ont rien compris mais c'est eux qui savent le mieux. Surtout bouchez-vous les oreilles. Ils n'hésitent même pas à vous traîter d'imbécile.
- les solidaires, ils observent, ils réfléchissent, ils agissent, ils sont rares et précieux.
Pourtant avec la bonne volonté des trois groupes, on récupère du mou dans les amarres qui nous emprisonnent. Un gros coup de gaz et dans un tourbillon de vase, LDM enfin recule.

LDM À QUAI

Laurent nous incruste à notre place en marche avant, tant pis pour les commodités d'accès au quai. Merci gracieux à tout le monde et on se casse vite fait. On n'a pas que ça à faire Laurent et moi. Car à la maison, des explications s'imposent avec notre moto facétieuse...

JanouB

 

 

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